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Pour aller au fort du Mont Alban, on passe devant l’entrée de la villa d’Elton John (Castel Mont Alban), cette villa doit être la maison qui a la plus belle vue de Nice et de la Baie des Anges ! On ne voit pas la villa, la maison que l’on voit juste à l’entrée doit être la maison du gardien…
Situé sur la colline éponyme, entre la Baie des Anges et Villefranche-sur-Mer, le fort du Mont-Alban est un trésor du patrimoine. Il dispose d’une double casquette, à la fois pour son intérêt historique, mais aussi pour le panorama extraordinaire qu’il offre.
Sa naissance remonte au XVIe siècle, après le siège de Nice par les troupes du Royaume de France menées par François Ier, et par les hommes de Khayr ad-Din Barberousse, aux ordres du sultan Soliman le Magnifique. La cité résiste notamment grâce aux travaux de fortification entamés par Charles II de Savoie en 1517.
La ville est sauvée, mais pour compléter le dispositif, un autre front défensif sera constitué à compter de 1550. On le doit à l’ingénieur Gianmaria Olgiati, (dont un certain Vauban a complètement copié ses plans) considéré comme le génie militaire au service de Charles Quint. Il conçoit alors trois bastions capables de se couvrir l’un l’autre : la citadelle Saint-Elme à Villefranche, celle de Nice, ainsi que le fort du Mont-Alban.
Il faudra néanmoins patienter dix ans pour le voir naître, lorsque Emmanuel Philibert parvient à réunir les fonds suffisants pour le construire. Édifié entre 1557 et 1560, il sera finalement l’œuvre de trois ingénieurs, Paciotto, Ponsello et Provana de Leyni, qui ont utilisé les plans de leur prédécesseur.
Une fois le chantier achevé, on obtient une forteresse rectangulaire de 40 mètres sur 46 mètres, et d’une superficie de 742 mètres carrés. Remarquablement adapté au terrain, le domaine militaire a été occupé par diverses armées savoyardes, piémontaises et niçoises au fil des siècles.
Ces dernières pouvaient résister aux assauts venant du Nord - Villefranche - et du Sud - le mont Boron. À présent, il constitue un lieu stratégique, non plus pour les combats, mais pour admirer une vue à couper le souffle. Nous trouvons à l’Est le cap Ferrat, le cap d’Ail, la pointe de Bordighera et les hauteurs calcaires de la Tête de Chien et à l'Ouest, nous pouvons apercevoir la Baie des Anges et la Garoupe dru Cap d’Antibes.
Parfaitement conservé, il est la propriété de la commune depuis 2008. Une partie de ses abords appartient au Conservatoire du littoral. Entièrement classé depuis 1923, il avait vu plusieurs de ses recoins l’être dès 1909.
Le fort domine la baie de Nice et la rade de Villefranche, permettant ainsi d’observer les somptueux paysages du massif de l’Esterel, à l’Ouest, jusqu’à la Riviera italienne, à l’Est. De là, perché à 222 mètres d’altitude, le décor se passe de mots. On aperçoit même en hiver et par grand soleil, à voir la Corse (Le Cap et les montagnes enneigées).
En 1587, le duc de Savoie, Emmanuel Philibert, est à la tête d'un important trésor de guerre et décide de construire une forteresse "à la moderne". Traumatisé par le siège de Nice en 1543, le duc veut défendre le littoral en créant une chaîne de défense comprenant le château de Nice, la citadelle de Villefranche et le fort du mont Alban qui fait office de relais entre tous.
Sauf qu'après avoir été construit, le fort se révèle beaucoup trop modeste. Ironie du sort, c'est sa petite taille qui va le sauver des troupes de Louis XIV. Celles-là même qui ont détruit le château de Nice en 1705 par Vauban. Un tournant dans l'histoire de cette ville qui a eu une vocation militaire pendant 800 ans et va se tourner dès 1780 vers l'activité touristique.
On pourrait croire que l'histoire du fort s'arrête à cet instant. Il n'en est rien. À partir de 1800, il est utilisé comme une prison, puis comme un relais radio pendant la Seconde Guerre mondiale par les troupes italiennes et allemandes. Son champ de tir servira même de relais télévision dès 1958.
Sous l'Occupation, les Allemands ont recouvert d'enduit une bonne partie des bastions. Cachant les murs de pierre de la forteresse qui ont servi de toiles aux amateurs de graffs dans les années soixante, alors même que le fort avait été classé monument historique en 1909. Le ministère de la Culture l'avait racheté au ministère des Armées pour la somme symbolique de 2 euros et l'avait ouvert aux artistes.
Ces artistes ont peint des séries de mains rouges, des fresques avec des dragons, ou des messages. Des bouts de phrases. Des clins d'œil à la littérature française. Comme ce tag de Ben*, effacé par le temps, raccourci en « herche du temps perdu ». Il y a trois, quatre ans, la Drac (direction régionale des Affaires culturelles) a mandaté une architecte pour relever les graffitis.
On essaye d'en inclure certains dans la scénographie parce qu'ils témoignent des différents usages du bâtiment. Et des différentes âmes qui s'y sont aventurées, avant que la Ville n'acquière le fort en 2007. Son architecture est en forme de polygone, avec un carré central, quatre bastions en forme d'as de pique, doté de murs de 6 m d'épaisseur de chaque côté pour résister aux boulets de canon.
Il comporte un étage (ajouté au XVIIe siècle) et neuf salles en tout, munies de fenêtres de tir. Celles du rez-de-chaussée sont reliées par des coursives, légèrement en pente pour faire passer les canons d'une salle à l’autre. Sans compter la plateforme de tir située sur le toit qui offre une vue panoramique sur la baie des Anges.
Vauban s’en est inspiré un siècle plus tard, je dirai même qu’il a plagié le Fort du Mont Alban pour construire les forts que l’on retrouve aux 4 coins de l’hexagone, mais dont pour la plupart il a juste apposé sa signature et n’a jamais mis un pied sur les chantiers.
Vauban ce sinistre personnage: Les Niçois n’ont pas oublié ce que leurs ancêtres ont eu à subir de cet individu, aux ordres de Louis XIV, et que la France honore comme un héros, sans aucun égard ni remord pour les terribles déprédations qu’il commit dans certaines provinces devenues françaises par la force, mais qui alors ne l’étaient pas.
Les batteries françaises installées à Saint-Charles, au Mont-Alban et à Lympia, utilisant 644 396 livres de poudre, déversèrent sur Nice du 11 novembre 1705 au 4 janvier 1706 : 400 bombes de 5 pouces, 535 bombes de douze pouces, 273 bombes de 9 pouces… 8 208 boulets de calibre 18, 29 153 boulets de calibre 24, et 9 888 boulets de calibre 36… Nous devons donc à la précision des archives militaires françaises de savoir que nos ancêtres reçurent sur la tête, durant 54 jours : 1208 bombes et 47 249 boulets chauffés à blanc…
Soit 22 bombes et 875 boulets par jour : les « Orgues de Staline » avant l’heure !!! Un niçois n’oublie jamais celui qui lui a fait du mal et Vauban en fait parti !
* Ben venait squatté souvent l’intérieur du fort laissé ouvert aux quatre vents. Il y emmenait tous ses amis de « l’Ecole de Nice »: Marcel Alocco, Arman, Louis Cane, Albert Chubac, Yves Klein, Marcel Raysse, Le Clézio pour y passer des nuits de folies.
* carte de la rade de Villefranche après le diaporama
DIAPORAMA FORT MONT ALBAN
Sur la droite on voit le Fort du Mont Alban, au milieu la Citadelle Saint Elme et à gauche le Fort de Saint Hospice