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Grasse et sa vue sur le bassin cannois
La ville de Grasse à l’ombre des premiers contreforts des Alpes, bercée à ses pieds par les rivages de la Méditerranée, cultive son histoire depuis l’Antiquité. Elle verra passer sur ses terres différentes civilisations, les Ligures, les Grecs, les Romains. Suite aux épidémies de peste en 1496, Pierre de Grasse favorise l'installation de familles originaires du figounia gênes, région de Gênes, afin de repeupler le territoire. Ces génois d’Oneglia vont laisser leurs empreintes sur toute la culture locale pendant des siècles.
Les rosiéristes de la région sur le Cours Honoré Cresp
Avant cette migration génoise, c’est avec l’arrivée de Catherine de Médicis au 12ème Siècle qui scellera sans doute le destin olfactif et floral de la cité Grassoise. Pendant la Renaissance, Grasse accueille des tanneries le long du canal qui la traverse. Ces maisons artisanales génèrent de fortes odeurs.
La pépinière à ciel ouvert
Arrivée d’Italie, Catherine de Médicis importera une nouvelle mode, celle des cuirs parfumés. Gants, ceintures, sacs, seront ainsi parfumés pour masquer les odeurs désagréables des cuirs de l’époque. Pour répondre à cette demande grandissante, les campagnes environnantes se couvriront de champs de fleurs, offrant à la ville des odeurs plus raffinées.
L'autre ville de la rose ... La Rose d'Antibes.
Les bouquets de roses à la vente (production Alpes Maritimes)
Au milieu du XVIII ème siècle, la parfumerie va connaitre son premier essor. De grands noms vont naître dans ce siècle tumultueux, Isnard, Galimard, Chiris, Debézieux, les Fargeon, Roure, Lautier. Cette production initiale considérée comme artisanale se transformera en une véritable industrie.
Vue sur la cathédrale de Grasse
Les nouveaux raffinements artistiques, culturels et sociétales serviront de point d’ancrage à cette économie locale. Au 19ème, la demande est grandissante. Grâce aux comptoirs de nos lointaines colonies, de nouvelles essences arrivent. En 1840, la ville de Grasse comptent 45 sociétés qui se répartissent en trois secteurs : les cultivateurs de plantes, les courtiers en fleurs et les industriels.
Roses et Oiseaux de Paradis production locale et italienne de Sanremo
Vers 1875, 65 sociétés seront établies à Grasse. Depuis le début du XXème, Grasse et son activité de parfumerie se confrontent à la démocratisation des parfums et de leurs emplois dérivés avec l’arrivée des produits de synthèse. Mais en 2018, cette expertise, ce savoir-faire lié au parfum en Pays de Grasse depuis des siècles est reconnu au niveau international en étant inscrit au Patrimoine Culturel Immatériel de l’Humanité.
Famille Passetti les Rosiers de Mougins
Grasse, petite ville pittoresque des Alpes-Maritimes, située dans le Sud-Est de la France, détient une histoire riche et parfumée qui façonne l’industrie de la parfumerie depuis des siècles devenue la capitale mondiale de la parfumerie, où l’art et la science se marient pour créer des fragrances inoubliables.
La fontaine et le palais des Congrés et son Casino
Située dans l’ouest du département des Alpes-Maritimes, Grasse, en plein cœur de la Cote d’Azur, bénéficie d’un climat méditerranéen, offrant des températures agréables. C’est un lieu où les fleurs peuvent être cultivées localement, ce qui a donné naissance à une tradition de fabrication de parfums qui perdure depuis des siècles.
L'Allée des Bains
Le territoire de la commune est parsemé de champs de tubéreuses, de roses, de jasmins, de violettes, faisant de Grasse un écrin naturel pour l’art de la parfumerie. « Si Zeus voulait donner une reine aux fleurs, la rose régnerait sur toutes. » Nous dit la poétesse Sappho. Et elle avait sûrement raison.
Les roses suspendues dans l'allée des Bains
Comme chaque année, nous attendons avec impatience l’arrivée de la rose centifolia, la célèbre Rose de Mai… La Rose de Grasse, la voici enfin ! Ses pétales délicatement rosés, son parfum doux et enveloppant nous amènent ailleurs…
Dans l'allée l'exposition de peinture de l'artiste Zhu Yan
La rose est une fleur très ancienne que les Grecs et les Romains appréciaient déjà pour son parfum entêtant et pour sa beauté. Ils en firent d’ailleurs l’attribut d’Aphrodite, déesse de l’amour et de la beauté. Ce serait même Cupidon qui, versant accidentellement son verre de vin sur une rose, lui aurait donné sa couleur pourpre.
Autant dire que le sort de cette fleur était déjà placé sous le signe de la grâce,... et de l'ivresse ! Tout au long de son histoire, la rose a été cultivée avec soin, sélectionnée selon les diverses espèces, et hybridée. La légende veut que Thibaut Ier de Navarre, comte de Champagne, soit revenu de croisade avec un exemplaire de rosier que l’on nommera plus tard Rosa gallica officinalis.
Dans le musée de la villa Fragonard (le peintre)
Mais c’est avec la rose de Damas, Rosa damascena, probablement arrivée également avec les croisades, que de nombreuses espèces d’hybrides voient le jour. C’est ainsi qu’apparaît au XVIIème siècle la rose centifolia. Ses origines restent encore obscures, mais l’on pense que ce sont les rosiéristes Hollandais qui l’auraient créée à partir notamment de Rosa gallica et de Rosa damascena.
Elle fait partie de la famille des roses dites « anciennes », espèces existantes avant 1867 date à laquelle est créé la première rose moderne à grandes fleurs à partir d’un rosier de Chine. Cette rose aux « milles feuilles » comme son nom l’indique, fait référence à ses nombreux pétales.
Les bouquets de rose en concours
La rose parfaite doit se trouver à Grasse !
Pour sa qualité odorante et l’élégance de ses arômes, elle est implantée et cultivée dans la ville de Grasse. Avec l’intensification de la culture des fleurs, Grasse accède rapidement au XVIIIème siècle au titre de capitale de la parfumerie au grand bonheur des rois et de leur cour qui consommaient beaucoup d'essences parfumées.
Les concours des rosiéristes venant de Bulgarie, Kenya, France, Maroc, Hollande, Equateur.....
Sa renommée se fait autour du jasmin, de la tubéreuse et surtout de la rose centifolia. La Rose de Mai exhale un parfum légèrement sucré et chaud qui la rend proprement irrésistible. Bien que concurrencée par la rose de Damas, ses qualités olfactives sont telles qu’elle est indispensable dans la parfumerie de luxe, et devient l’un des composants majeurs de parfums désormais immortels.
Dans les fontaines de Grasse
Suave, sensuelle, envoûtante, la rose a de quoi charmé les plus fins gourmets. Ses saveurs exquises nous font naviguer entre le souvenir d’une promenade dans un jardin fleuri et le rêve d’un Orient imaginé. Son parfum embaumant, sa saveur fleurie, la délicatesse des ses pétales sur le palais nous offrent un véritable ballet des sens.
La rose bleue « Applause » est crée en 2004 mais elle devient maudite à cause de son échec commercial..
L’aube pointe. Et les champ constellés de fleurs à la subtile fragrance embaume déjà l’air matinal. À Grasse, la cueillette des fleurs est un rituel immuable volé aux premières heures du jour. Depuis Mai et jusqu’en novembre, les silhouettes des cueilleuses convergent dès 6 heures vers les propriétés, les domaines de plantes à parfum, dans les quartier du Moulin de Brun, de Pegomas et de Mouans Sartoux.
Vous voyez comme c'est difficile de vivre à Grasse, c'est pour cela que je m'échappe pour voyager à l'étranger quand je le peux ! Je ne vous souhaite pas de venir vivre à Grasse ...c'est trop dur !
Les 3 fleurs emblématiques de Grasse, la Rose Centifolia, la Tubereuse et le Jasmin
Sept jours sur sept. Chapeautées ou pas. Seau ou panier à la hanche. Peaux tannées. Doigts agiles qui picorent frénétiquement les précieux buissons. La cueillette de la fleur : une affaire de femmes. Une histoire de famille aussi. Celle des clans aux patronymes italiens.
Allez ! Je vais me promener dans la vieille ville
Dos courbé, Maria Pantani, la quarantaine, décrypte le geste ancestral : « Il faut tirer la fleur par la tige entre le pouce et l’index. » Et confie son amour du métier. « J’aime être dehors dans le parfum, regardez, c’est une merveille ! C’est une fierté de participer à cette industrie. »
A Grasse il y a du parfum pour toutes les bourses....
Dans son poing, des poignées parfumées s’accumulent. La chaleur monte d’un cran. La sueur perle aux fronts. Angelina Bertaina, 41 ans, belle sœur de Maria, ramasse le jasmin depuis 40 ans. « J’aime cueillir ! On est libres ! Petite, ma mère Paola m’emmenait dans les champs. J’ai eu ma première paye à l’âge de 10 ans. Si on n’aime pas ce métier, on ne peut pas le faire, c’est trop dur. Le dos, c’est du chewing-gum ! »
Les brumisateurs embaument la ville
Dans les rangées aux effluves entêtantes, on plaisante, on se raconte les derniers ragots. Complices. Sans ralentir le rythme sous le soleil mordant. Catherine Bottero, 32 ans, mariée avec le neveu de Maria, est cueilleuse depuis sept ans.
Décorations des boutiques dans le vieux Grasse
À l’issue de plusieurs heures de cueillette vient l’heure fatidique de la pesée. Compétition assumée et joyeuse rivalité entre cueilleuses. Chacune aura glané environ 2 kg de ces délicats pétales au poids plume. Il faut 10 000 fleurs pour un kilo… « Cette année, la fleur est très belle mais les plants donnent moins à cause de la chaleur.
Toutes les boutiques sont à l'image de la ville des fleurs
L’an dernier, on ramassait jusqu’à 3 à 4 kg chacune par jour », souligne Maria. Demain ? Nouvelle éclosion de boutons blancs à cueillir avec le sourire… Chaque jour, ces précieuses brassées d’or blanc, quelque huit kilos par jour, sont vendues environ 80€ le kilo et livrées au client : l’industriel Robertet à Grasse le N°1 mondial.
La fontaine de la place aux Aires
Une exclusivité. Robertet le leader mondial dans le secteur (980 Me de chiffre d’affaires en 2024, 1 867 références naturelles), achète les productions aux exploitations depuis cinq générations. « Le terroir grassois est d’une qualité olfactive très appréciée. C’est un produit d’exception, différent du jasmin d’Égypte ou d’Inde dont les facettes olfactives sont moins nobles.
En haut la fontaine du Jeu de Ballon
En clair, c’est le nec plus ultra » souligne-t-on chez Robertet. Derrière les murs de l’usine grassoise (depuis 175 ans), ce jasmin frais et local fait l’objet d’une extraction au solvant volatile en plusieurs étapes. Cette substance baptisée « concrète » est lavée ensuite via des bains d’alcool et filtrée sous vide pour obtenir « l’absolue ».
Rentrez dans le monde féerique des boutiques de Grasse
C’est ce précieux élixir qui se négocie jusqu’à plusieurs milliers d’euros le kilo. Car une tonne de fleurs donne un peu moins de 3 kg de concrète, puis environ 1,5 kg d’absolue. Un rendement faible. Mais une niche prisée. Si Robertet reste discret sur les parfums concernés, « le jasmin de Grasse se retrouve dans la composition de parfums de luxe surtout féminins, de marque française ou américaine.
Aromasud la boutique ...l'usine est sur les hauteurs de Grasse (Saint Cézaire)
82 % de notre chiffre d’affaires est fait à l’international. » La parfumerie haut de gamme surfe sur le boom des composants naturels. Offrant aux champs de fleurs grassois des débouchés sûrs et durables… Lancôme, Chanel, Dior, Vuitton, Yves Saint Laurent tous ont acheté des parcelles de fleurs à Grasse. Nombreuses sont les maisons de luxe françaises implantées à Grasse et qui s’arrachent les domaines horticole certifié Ecocert.
Boutique Fragonard Confidentiel la ligne mode du parfumeur grassois
Toutes les grandes marques ont un pied dans cette ville posée entre les Alpes et la Méditerranée, car ici on observe le goût retrouvé pour la naturalité. Les champs de Grasse attirent l'attention des marques de luxe depuis longtemps. Le lien entre Chanel et Grasse remonte à la création de Chanel N°5 en 1921, lorsque Gabrielle demanda à Ernest Beaux, parfumeur grassois, de créer un parfum (Chanel N°5 regorge de jasmin local). Les fleurs cultivées en Pays de Grasse sont vite devenues les matières premières de référence des grands parfumeurs. Chacune de ces maisons de parfums joue un rôle clé dans l'industrie de la parfumerie. Elles contribuent par leurs héritages, leurs savoir-faire artisanaux, leurs innovations et leur respect des traditions à maintenir la réputation de Grasse comme épicentre mondial de la parfumerie.
Au Bonheur des Dames la boutique d’Alissandre
DIAPORAMA EXPO ROSE 2025